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Juliette Gréco : « Je suis comme je suis, je plais à qui je plais... »


Le retour, en mai 1999, de Juliette Gréco sur une scène parisienne — au Théâtre de l'Odéon, là où elle n'avait jamais chanté –, à coïncidé avec le cinquantième anniversaire de ses débuts.

C'est en juin 1949, au Bœuf sur le toit, dans une salle noire de monde, qu'elle naît à la chanson. À son répertoire, Si tu t'imagines de Raymond Queneau et L'ombre de François Mauriac. À l'ombre, « ce beau poisson noir », selon l'expression de l'écrivain, ne le restera pas longtemps, la légende va rapidement faire de Juliette Gréco « la muse de Saint-Germain-des-Prés ».

À la Libération, le « quartier », comme l'appellent les habitués, est à la mode. Des années de guerre, de couvre-feu et de privations ont déclenché dans la population une soif de vivre longtemps réprimée. Juliette a connu la prison, sa mère et sa sœur ont survécu aux camps de concentration. Comme le dit Serge Dillaz, « les lendemains de guerre sont propices aux éclatements intellectuels ».

Les « existentialistes » réinventent la vie nocturne

C'est le 11 avril 1947, rue Dauphine, à Saint-Germain-des-Prés, le quartier « branché » où l'on danse le be-bop, qu'est officiellement inauguré le club Le Tabou. Poussé par son directeur, Jacques Robert, grand reporter à Samedi-Soir, part enquêter sur cette jeunesse qui commence à faire parler d'elle. Dans un long article resté célèbre, publié par Samedi-Soir du 3 mai, il révèle au grand public l'existence des... « existentialistes », néologisme impropre (forgé par le philosophe Gabriel Marcel) mais consacré par la grande presse pour désigner cette jeunesse qui réinvente la vie nocturne. « Après les caves du Vatican, celles de Saint-Germain-des-Prés. C'est là que les existentialistes, sans doute dans l'attente de la bombe atomique qui leur est chère, boivent, dansent, aiment et dorment désormais. », écrit Samedi-Soir.

Bientôt, la presse à scandales s'en mêle et écrit tout, et son contraire : « Saint- Germain-des-Prés fait trop l'amour », titre Flash, aussitôt contredit par France-Soir qui voit en Saint-Germain « le quartier le plus chaste de Paris »... Le cinéma s'en empare : en 1949, Rendez-vous de juillet, de Jacques Becker, immortalise ce quartier, ses clubs de jazz (le Lorientais) et sa jeunesse. La Rose rouge, de Marcel Pagliero, témoigne des débuts des Frères Jacques dans ce cabaret de le rue de Rennes. Film musicalo-touristique tourné en 1950, Pigalle-Saint-Germain-des-Près donne l'occasion à Jacques Hélian et son orchestre d'épingler la nouvelle mode :

« Nos pères chantaient "Mont' là-d’ssus et tu verras Montmartre !"

Nous, on descend, on n'monte plus, et l'on voit Jean-Paul Sartre... »

 

Extrait du film "Pigalle-Saint-Germain-des-Prés" d'André Berthomieu.

 

Si beaucoup s'en amusent, certains ne rigolent pas du tout. Un an plus tard, dans son encyclique Humani generis, le pape Pie Xll met en garde la chrétienté contre certaines doctrines philosophiques dont l’existentialisme...

Résistantes

Née le 7 février 1927 à Montpellier, Juliette sera élevée, comme sa sœur aînée Charlotte, par ses grands-parents maternels, ses parents ayant divorcé. L'enfance, c'est l'hiver au couvent, l'été en Dordogne, dans la maison familiale.

En 1943, les deux sœurs montent à Paris. Restée sur place, la mère, qui participe activement à la Résistance, est arrêtée en septembre. Arrêtées elles aussi à Paris, place de la Madeleine, ses deux filles seront incarcérées à la prison de Fresnes où Juliette partagera sa cellule avec des prostituées. Si sa sœur et sa mère sont emmenées au camp de Ravensbrück, Juliette est libérée un mois plus tard. À Paris, elle loge chez une amie de sa mère, Hélène Duc. Elle suit des cours de théâtre et fait de la figuration dans Le Soulier de satin de Claudel. À la Libération, Juliette retrouve sa mère et sa sœur à l'hôtel Lutétia, réquisitionné pour accueillir et réconforter les déportés.

Après un court séjour en Dordogne, Juliette revient à Paris où Michel de Ré lui propose le rôle d'une femme adulte dans Victor ou les enfants au pouvoir, de Roger Vitrac – un auteur dont elle chantera Chambre 33 sur la scène de l'Olympia, vingt ans plus tard. Mais le théâtre l'ennuie un peu. Ce qu'elle veut, c'est vivre et se laisser vivre dans ce Saint-Germain-des-Prés bouillonnant... Plusieurs photos ou actualités de l'époque la montrent déambulant devant les Deux-Magots ou le Flore.

C'est au cours de ses pérégrinations nocturnes qu'elle découvre le Tabou, un café de la rue Dauphine qui ne ferme pas la nuit... Bientôt, le bistrot est pris en main par une bande de jeunes gens qui l’aménagent en « boîte ». Boris Vian et ses frères font partie de l'orchestre initial du Tabou qui se transforme rapidement en club privé fréquenté par l'intelligentsia et les Américains de la capitale. Vite adoptée, Juliette fait parfois le videur ! Il y a eu les zazous de l'Occupation et à cette nouvelle jeunesse née de la Libération, il faut trouver un nom. Celui d'existentialiste s'imposera vite.

« Je suis comme je suis »

Stimulé par le succès du Tabou, Marc Doelnitz lui demande de prendre en main l'animation du Bœuf sur le toit. « Tu as une idée de spectacle ? »« Et si je chantais ? », suggère, rêveuse, Juliette... Le poète Henri Michaux ayant apprécie l'interprétation de son Baobab, elle décide de se choisir un répertoire de qualité. « Pas de chansons idiotes. Des textes valables. » Anne-Marie Cazalis lui organise un rendez-vous avec Jean-Paul Sartre qui lui conseille quelques auteurs (Prévert, Laforgue, Queneau, Claudel) et lui fait cadeau d'un poème, La rue des Blancs-Manteaux, écrit pour sa pièce Huis clos. Ayant « fait son marché », Juliette demande : « Et la musique ? » Sartre lui recommande Joseph Kosma, à qui elle fait parvenir le texte de Si tu t'imagines. Après quelques jours de répétition, Juliette présente son premier tour de chant au public du Bœuf sur le toit, accompagnée au piano par Jean Wiener.

À l'occasion d'une escapade dans le Midi, elle crée à Antibes La Fourmi de Robert Desnos et Kosma. Nico Papatakis l'invite à chanter à la Rose Rouge. Accompagnée par Henri Patterson, qui restera longtemps son pianiste attitré, Gréco se rode.

Jean-Paul Sartre dira d'elle : « Juliette Gréco a des millions dans la gorge; des millions de poèmes qui ne sont pas encore écrits, dont on écrira quelques uns. On fait des pièces pour certains acteurs, pourquoi ne ferait-on pas de poèmes pour une voix ? » Pour Jean Cocteau : « Son bijou le plus précieux, c'est le cœur qui bat dans son chandail noir ». À la même époque, elle fréquente Merleau-Ponty, Marguerite Duras (dont elle chantera plus tard un texte, Le square)...

Adulée par la jeunesse, Gréco a une mauvaise image dans la presse « bourgeoise ». On critique sa tenue négligée, ses fréquentations (Marlon Brando qui l'emmène sur sa moto au petit matin), son mode de vie, ses idées, sa « philosophie ». En guise de réponse, Jacques Prévert et Joseph Kosma lui offrent ce petit bijou de provocation :

« Je suis faite pour plaire

Et n'y puis rien changer

Mes lèvres sont trop rouges

Mes dents trop bien rangées

Mon teint beaucoup trop clair

Mes cheveux trop foncés

Et puis après

Qu'est-ce que ça peut vous faire

Je suis comme je suis

Je plais à qui je plais... »

Référence 72 000 : le premier 78 tours Philips !

En 1947, Juliette Gréco joue le rôle d'une religieuse dans son premier film, Les Frères Bouquinquant, de Louis Daquin (Cora Vaucaire y figure comme chanteuse de rues). En 1948, elle tourne dans Aller et retour, d’Alexandre Astruc, un film mort-né qui ne verra jamais le jour, pas plus que le suivant du même Astruc, Ulysse ou les mauvaises rencontres. Reflets des débuts cinématographiques de Juliette, ces deux courts métrages inachevés du théoricien de la « caméra stylo » sont considérés comme perdus !

Le cinéma la sollicite. Elle fait de la figuration, avec Colette Deréal, dans Au royaume des cieux, de Julien Duvivier (septembre 1949), un film qui se déroule dans une maison de redressement. Débutante recherchée, elle tient le rôle d'Aglaonice dans Orphée, de Jean Cocteau (septembre 1950) aux côtés de Jean Marais et Marie Déa. Dans Sans laisser d'adresse, de Jean-Paul Le Chanois (janvier 1951), un des rares films où elle chante (musique de Kosma), elle joue son propre rôle. Dans la distribution, on note la présence de Simone Signoret, Danièle Delorme, Bernard Blier et Louis de Funès et, dans un tout petit rôle... un débutant nommé Michel Piccoli !

Elle tourne ensuite sur la Côte d'Azur Le Gantelet vert, une production franco- américaine réalisée par Rudolph Maté, avec Glenn Ford, qui sort à Paris le 21 février 1952. Juliette, qui tient le rôle d'une chanteuse, y interprète Romance et L'amour est parti, deux textes d'Henri Bassis sur des musiques de Joseph Kosma.

Enregistrée en 1950, le premier 78 tours Columbia passe un peu inaperçu. La véritable carrière discographique de Gréco démarre quelques mois plus tard sur le tout premier 78 tours Philips (référence 72 000) publié en 1951 (Amours perdues et La belle vie). Sur son troisième, il y a deux chansons d'un auteur prometteur, Charles Aznavour : Il y avait (musique de Pierre Roche) et Je hais les dimanches (Florence Véran), chanson refusée par Edith Piaf à qui Charles l'avait proposée... À propos de ce titre dont elle fait un succès, un journaliste hostile écrira : « Si elle boulonnait un peu, elle saurait ce que c'est ! Elle aimerait les dimanches ! »

Juliette + Philippe = la fin de Saint-Germain-des-Prés ?

En 1953, Gréco décroche le rôle principal dans le nouveau film de Jean-Pierre Melville, Quand tu liras cette lettre... Pendant le tournage, Melville la trouve si mince qu'il l'appelle « la limande » ! Le 25 juin 1953, à la mairie du 8ème arrondissement, elle épouse le comédien Philippe Lemaire, son partenaire du film. Ils auront une fille, Marie-Laurence.

Pour beaucoup, ce mariage signe la mort de l' « existentialisme » et la fin d'un âge d'or... Mais pour Anne-Marie Cazalis, « sœur jumelle » de Gréco, « l’existentialisme est mort en 1948. Je ne parle pas de la philosophie du même nom : je ne sais si elle est morte, si elle a jamais existé. En fait, ce qui est bien mort, c'est la jeunesse de Saint- Germain-des-Prés. »

« Muse de Saint-Germain, Juliette lui survivra en changeant d’état—civil, d'existence, de costume et de coiffure », remarquent Michel Grisolia et Françoise Mallet-Joris, les auteurs du Seghers qui lui est consacré en 1975.

Toujours en 1953, Juliette tourne dans Boum sur Paris de Maurice de Canonge, un film touristico-musical, dont la mince intrigue policière est prétexte – comme dix ans plus tard Cherchez l'idole – à un époustouflant défilé d'artistes du moment dans le cadre de La Kermesse aux Étoiles. Affiche de rêve : Juliette Gréco, Édith Piaf, Mick Micheyl, Jacqueline François, Lucienne Delyle, Annie Cordy, Line Renaud, Betty Spell et, côté messieurs : Jacques Pills, Charles Trenet, Marcel Mouloudji, Aimé Barelli, Eddie Warner, Jean Nohain, les Quatre Barbus... Et en guest stars : Gary Cooper et Gregory Peck l

Bohémienne ou Châtelaine ?

Aux côtés d'Ingrid Bergman, Magali Noël, Jean Marais et Mel Ferrer, Juliette tient le rôle de la bohémienne Miarka dans Éléna et les hommes, à l'affiche en septembre 1956, reconstitution fin de siècle signée Jean Renoir. « Superbe, cheveux dénoués au vent du soir, elle chantera autour d'un feu de bois la Complainte de Miarka, écrite pour elle par Renoir sur une musique de Joseph Kosma. » Anecdote : dans ce film, Léo Marjane a un petit rôle de... chanteuse des rues.

Dans La Châtelaine du Liban de Richard Pottier (septembre 1956), Juliette est Maroussia aux côtés de la reine du péplum Giana-Maria Canale, Jean-Claude Pascal, Jean Servais, Omar Sharif débutant et Moustache dans un rôle de patron de boîte de nuit ! Dans L’Homme et l'enfant, de Raoul André (novembre 1956), nanar de série B où Eddie Constantine et sa fille Tania chantent leur fameux duo, Juliette Gréco est la « fourbe » Nicky Nistakos, liée à une affaire de traite de blanches. On se souvient d'une scène où elle fouette la future Nadine de Rothschild (Nadine Tallier) ! Juliette retrouvera Constantine sur disque pour une chanson interprétée en duo : Je prends la vie du bon côté (Barclay).

Octobre 1957. Gréco est à l'affiche de C'est arrivé à 36 chandelles, d'Henri Diamant- Berger, une autre comédie prétexte à un défilé d'artistes au cours de la fameuse émission de « Jaboune » : Aglaé, Odette Laure, Dany Dauberson, Jean Nohain, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, Charles Aznavour, Georges Guétary, Georges Ulmer, Philippe Clay, Charles Trenet, Andrex, François Deguelt, Jean Valmence, Fernand Raynaud, les Quatre Jeudis...

Juliette et Darryl F. Zanuck

C'est après Bonjour tristesse, d’Otto Preminger, adapté du roman de Françoise Sagan, que Juliette entame son aventure américaine. Le producteur américain Darryl F. Zanuck, le big boss de la 20th Century Fox, lui propose un petit rôle dans Le soleil se lève aussi. Dans ce film en Scope-couleurs tourné au Mexique par Henry King, tiré du roman d'Hemingway, et dont l'action se déroule à Paris et en Espagne dans les années 20, Juliette-Georgette côtoie les grandes stars du moment : Tyrone Power, Errol Flynn, Mel Ferrer, Ava Gardner... et un compatriote : Marcel Dalio.

L'année 1958 confirme la carrière cinématographique américaine de Gréco. Ce n'est un secret pour personne, Zanuck est amoureux de Juliette et veut lui offrir un grand rôle. Dans Les Racines du ciel, adapté du roman de Romain Gary (Prix Goncourt 1956), Juliette-Mina retrouve Errol Flynn et a comme partenaires Trevor Howard et Orson Welles. Un petit rôle est attribué à Grégoire Aslan, comédien et membre de l'orchestre de Ray Ventura. Présenté à Paris fin 1958, ce film « africain » de John Huston tourné au Cameroun et au Tchad connaît, contre toute attente, un flop considérable.

La même année, Juliette reprend le chemin de l'Afrique pour La Rivière des alligators, un film d'aventures de Vincent Sherman. Et c'est sous la direction de Richard Fleischer, qu'elle tourne ses deux derniers films américains : Drame dans un miroir, un « film de prétoire » avec Orson Welles et Bradford Dillman (1960) où elle a un double rôle, et Le Grand risque, encore un film « africain », où elle est Marie Brenan. Son partenaire n'est autre que Stephen Boyd, le Messala de Ben Hur.

À propos des films produits par Zanuck, Grisolia et Mallet-Joris constatent : « Loin de la mettre en valeur, il l'a écrasée, littéralement emprisonnée dans un système qui n'était pas pour elle. Dans le stéréotype de la femme européenne telle que la vit, telle que la voit encore parfois le pire cinéma américain. Une femme-objet vêtue d'un peu de pittoresque. »

À son retour en France, Juliette déclare à Ciné-Revue (du 17 mars 1961) : « Je n'ai choisi aucun des films que j'ai tournés, mais je les ai faits consciemment, parce que je l'ai bien voulu (...). Sincèrement, je n'ai tiré aucune satisfaction de tout ça (...). Je m'ennuyais tellement de ne plus chanter... »

Retour à la chanson

Par contrat, il lui reste un film à tourner pour Zanuck, Du sang pour les idoles, mais il ne se fera pas. Avant de se consacrer pleinement à la chanson, elle tourne Maléfices d’Henri Decoin... Mais mieux que le grand écran, c'est grâce au petit qu'elle va marquer une génération de téléspectateurs : avec Belphégor, le feuilleton fantastique en noir et blanc de Claude Barma, diffusé en mars 1965.

 

Claude Barma interviewé à propos de "Belphégor",

dans "Au-delà de l'écran", le 4 avril 1965.

 

Que dire de Gréco ? Raconter la chanteuse, c'est survoler une « carrière » (un mot qu'elle n'aime pas !) qui court sur un demi-siècle, riche de plus d'une centaine de disques, tous formats confondus... Au cours de sa longue période Philips, elle donne à entendre les auteurs « du papier » (Prévert, Desnos, Sartre, Mauriac, Queneau, Billetdoux, Sagan, Dorin, Dimey, Marguerite Duras, Mac Orlan ou l'Abbé de l'Attaignant...). En 1968, elle enregistre sur le 30 cm « Complainte amoureuse » douze poèmes mis en musiques par Yani Spanos (Aragon mais aussi Marie Noël, Charles Cros, Alphonse Allais et Pierre Seghers)

Interprète dans la plus noble acceptation, elle se fait l'écho des « paroliers », ceux qui écrivent directement pour la voix : Aznavour, Ferré, Brassens, Stéphane Golman, Trenet, Vian, Brel, Béart, Gainsbourg, Louki, Lama, Debronckart, Tachan, Escudero, Robert Nyel, Dréjac, Botton, Jean-Max Rivière, Guy Bontempelli... Elle a souvent été la créatrice de chansons avant leurs auteurs.

Elle aime aussi chanter des auteurs peu connus comme Manouchka (Le gros Lulu), Aurélia (Sur le verbe aimer) et régulièrement, elle révèle des « occasionnels » comme le réalisateur Jean Renoir (Miarka, Méfiez-vous de Paris), le chroniqueur Yvan Audouard (La propriétaire), le compositeur Henri Sauguet (La valse des si !, hommage à la créatrice de mode Elsa Schiaparelli), le journaliste Richard Cannavo (Lola la rengaine), le dessinateur Gébé (Bleu sans cocaïne)...

Par goût, ou par curiosité, elle fait parfois des incursions dans « la variété ». Mais « ce qui est bon est bon », tranche-t-elle ! À partir de 1972, elle choisit de consacrer un album entier à ses auteurs du moment : Fanon en 1972, Gougaud en 1975, Roda-Gil en 1993, Carrière en 1999... Interprète exigeante, elle se risque, au milieu des années 70, à chanter ses propres textes (Le mal du temps, L'enfant secret).

On a souvent reproché à celle qui a porté la chanson française sur les scènes du monde entier sa « sophistication ». Reproche infondé pour Michel Grisolia et Françoise Mallet-Joris : « Le grand public aime les personnages tout d'une pièce ». Non, Gréco n'a pas changé. « Simplement, elle a toujours été diverse. »

Raoul Bellaïche

Sources :

• Michel Grisolia et Françoise Mallet-Joris : Juliette Gréco, Seghers, coll. poésie et

chansons n° 35, 1975.

• Juliette Gréco : Jujube, Stock, 1982.

• Françoise Piazza et Bruno Blanckeman : De Juliette à Gréco, coll. Gestes, Christian

de Bartillat éditeur 1994.

Histoire du cinéma français, Pygmalion-Gérard Watelet.

• Texte rédigé pour un CD de la collection CD Story pour Universal (2000).

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