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Ah ! le joli mois de mai à Paris


Ah ! le joli mois de mai à Paris

 

J’ai vu des hommes matraqués

J’ai vu des femmes bousculées

J’ai vu des grenades claquer

J’ai entendu la foule hurler

Ah ! le joli mois de mai à Paris

Ah ! le joli mois de mai à Paris

J’ai vu des rêves s’éveiller

J’ai vu la révolte gronder

J’ai vu des bottes piétiner

Les drapeaux de la liberté

Ah ! le joli mois de mai à Paris

Ah ! le joli mois de mai à Paris

J’ai vu le printemps nouveau-né

Se répandre dans les quartiers

J’ai vu partout le vent tourner

J’ai senti l’espoir se lever

Ah ! le joli mois de mai à Paris

Ah ! le joli mois de mai à Paris

J’ai cru qu’la vie allait changer

J’ai vu la vérité bafouée

La honte et la boue refluer

La sénilité s’étaler

Ah ! le joli mois de mai à Paris

Ah ! le joli mois de mai à Paris

Mais bientôt l’jour va se lever

Sur les champs, villes et ateliers

La révolte ressuscitée

Enterre le vieux monde décédé

Ah ! le joli mois de mai à Paris

Ah ! le joli mois de mai à Paris

Nous bâtirons une société

Où chacun s’ra libre et entier

Responsable de sa destinée

Et du sort de l’humanité

Ah ! le prochain mois de mai à Paris

Ah ! le prochain mois de mai à Paris

• Sur ce 45 tours sorti chez Polydor (66 635) en 1968 juste après les « événements », les chansons – non créditées – sont interprétées par le Comité d’Action du Théâtre de l’Épée de Bois. Au verso, Les bons citoyens est une critique un peu convenue de la « majorité silencieuse ».

 

Sur le catalogue de la SACEM, disponible partiellement en ligne, Ah ! le joli mois de mai à Paris et Les bons citoyens sont créditées Jean Brossard, en tant que compositeur (1). On peut faire le rapprochement avec Jean-Frédéric Brossard qui, avec Aline Montels et Jean-Pierre Ronfard, publie dans la foulée de Mai 68, un super 45 tours au Cercle du Disque Socialiste (EDI : 29, rue Descartes, Paris Vème) intitulé « Descendre dans la rue » avec quatre chansons inspirées par l’actualité en France (La colère, Dans la rue, Pression) et dans le monde (Mexico, sur l’air du traditionnel Joshua fit the battle of Jericho) en 1968.

Évariste et Vania Adrien-Sens confirment : les musiques de Ah ! le joli mois de mai à Paris et Les bons citoyens ont été composées par Kirjuhel, de son vrai nom Jean-Frédéric Brossard. Quant aux paroles, elles ont été conçues collectivement par la « troupe » du Comité d’Action du Théâtre de l’Épée de Bois, dans le quartier Mouffetard.

Précisions de Vania Adrien-Sens : « Avec ceux d’Évariste et de Dominique Grange, Ah ! le joli mois de mai est le seul disque sorti réellement quelques semaines après Mai 68. Avec Frédéric Brossard, on avait occupé le Théâtre de l’Épée de Bois. On faisait des chansons avec les gens du quartier que l’on chantait le soir, et parmi ces chansons, il y avait Ah ! le joli mois de mai à Paris que l’on a enregistrée très vite sur un 45 tours simple chez Polydor. Les gens que l’on entend sur le disque sont ceux qui occupaient le théâtre de l’Épée de Bois au début du mois de mai 68.

Sur le moment, on ne voulait pas que nos noms apparaissent sur la pochette, c’est pourquoi le disque est un peu anonyme... Jean-Frédéric Brossard était alors un des leaders du Comité d’Action du Théâtre de l’Épée de Bois et il a déposé les chansons à la SACEM sous son nom. À l’époque, nous étions une petite compagnie et nous jouions dans un petit autobus, stationné rue Mouffetard, équipé en salle de spectacle. Pendant les “événements”, on se chargeait aussi du ravitaillement des grévistes à Censier. Il y avait une grande effervescence dans la bande de la Contrescarpe... On allait chanter dans les facs avec Évariste, avec Renaud – tout jeune. Il y avait aussi Romain Bouteille, Coluche, Georges Bilbille...

Dans notre répertoire, il y avait notamment La chanson Versaillais ! que Jean Édouard avait écrite. Nous la chantions dans la rue et il faut reconnaître qu’une chanson de lutte passe beaucoup mieux dans la rue qu’au cabaret... C’est pourquoi je ne tiens pas trop à monter un spectacle avec des chansons de lutte. Je préfère chanter dans la rue avec mon orgue de Barbarie et discuter après avec les gens...

Jean Édouard a eu une bonne idée de vouloir rassembler sur un seul disque toutes ces chansons autour de Mai 68. C’est un disque qui doit bientôt sortir. C’est important de continuer à chanter ces chansons car elles éclairent les luttes d’aujourd’hui, malgré tout le désarroi actuel et notre terrible échec... Ce que je veux dire, c’est que nous ne sommes pas des “anciens combattants”, nous sommes des gens qui vivent et qui continuent à combattre... »

Propos recueillis par R. B.

Lire aussi :

• « Quel beau mois de Mai... quand même ! », par Vania Adrien-Sens

• Entretien avec Kirjuhel (Jean-Frédéric Brossard)

• Portrait de Jean Édouard

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