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Musiques juives dans le Paris d'après-guerre


Elesdic, le nom du label, vient des initiales de son créateur, Léon Speiser (L. S.), libraire au 34, rue des Rosiers, dans la 4ème arrondissement de Paris, le quartier des ashkénazes. Les artistes des cabarets juifs parisiens fournissent l'essentiel des premiers 78 tours Elesdisc, disques qu'il édite à partir de 1948 et qui seront fabriqués par Pathé puis par Polydor.

Le Paris de l'après-guerre compta de nombreux cabarets juifs ou yiddish, la plupart situés dans le quartier de la République : La Riviera, Chez Dave Cash, Le Petit Rancho, Le Habibi Club, Le Zodiac...

Conçu par Hervé Roten de l'Institut Européen des Musiques Juives, ce coffret propose de nombreux enregistrements de Dave Cash (1910-1981), figure incontestable de ces hauts-lieux de la vie nocturne, et de Sarah Gorby (vers 1900-1980). Mais on relève d'autres noms : Bernard Potock, Richard Inger (1915-1980), Henri Gerro (1919-1980), Adi Starki... Répartis sur 6 CD, les 126 titres, tous issus du catalogue Elesdisc, ont été enregistrés entre 1948 et 1953, en yiddish (pour la plupart d'entre eux), en russe, en roumain et en hébreu (chansons marquées par la naissance toute proche de l'État d'Israël). Ou en plusieurs langues comme dans les deux pots-pourris de Dave Cash (« Ce qu'on danse dans le monde »).

Dave Cash dans une version yiddish de Que sera sera :

Même si l'on ne comprend pas les paroles, on est vite charmé par la voix bien timbrée de Dave Cash et par son interprétation crooner, à la Georges Ulmer, d'une chanson comme Die drei sin (Les trois fils), enregistrée en 1950, où il est accompagné au piano par Misha Grigorieff. Surnommé le « fou chantant » des cabarets yiddish – la voix de Charles Trenet, la gestuelle de Fred Astraire –, Dave Cash figure ici avec une bonne vingtaine d'enregistrements où il fait aussi preuve de fantaisie et de swing.

Les enregistrements de ce coffret illustrent tous les genres en vogue : chansons de cabaret, dramatiques ou humoristiques, ambiance swing, répertoires tzigane, typique, tango (Riwka Ben Zabes, par Bernard Potock)... On y découvre également des adaptations de succès du moment : La Fille des bois (connue en France par Eddie Constantine), Ma petite folie (Line Renaud), Tire, tire l'aiguille, dont on découvre la version originale yiddish par Dave Cash (« Le Rabbi a demandé d'être joyeux »), Les Feuilles mortes (par le même Dave Cash, avec force violons tziganes !). Et des standards de la chanson russe (Katioucha, par Sarah Gorby, qui deviendra Casatchock en France) ou yiddish (A yidische mamme, par Richard Inger), des instrumentaux (pots-pourris par Bernard Potock)... Un passionnant voyage dans le passé, à la recherche du temps perdu...

• Coffret 6 CD + livret illustré. Éditions de l'Institut Européen des Musiques Juives. Tél : 01 45 82 20 52. Disponible le site de l'IEMJ

Mail : contact@iemj.org

Site : iemj.com

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