Né en 1929 dans l'Eure-et-Loir, décédé le 30 avril 1991 à Paris, Maurice Fanon a fait ses études à Rennes où son professeur d'anglais n'était autre que le futur romancier Robert Merle. Il sera lui-même professeur d'anglais au milieu des années 50. En 1960, son service militaire terminé, il épouse Pia Colombo, une chanteuse-comédienne qu'il découvre au Centre Américain de Paris, boulevard Raspail, et qui sera, dès 1957, la première interprète de ses chansons sur le label Versailles (titres réédités en 2010 par ILD).
C'est juste après son divorce d'avec Pia, et parce qu'il a du mal à placer ses chansons, que Maurice envisage de les chanter lui-même sur les petites scènes des nombreux cabarets parisiens, alors véritables pépinières de talents. Son port d'attache sera surtout Le Port du Salut, rue des Fossés-Saint-Jacques, où le patron, Jacques Massebeuf l'engage à l'année... Bientôt, Fanon devra choisir entre la chanson et l'enseignement.
Ce qu'il fait en 1963, il a 33 ans, l'année où il enregistre, sous la direction d'Alain Goraguer, son premier disque chez CBS, un 25 cm paru au mois de mai, aussitôt primé par l'Académie Charles-Cros. Entre 1963 et 1965, chez CBS, nouveau label qui vient de s'implanter en France, Fanon enregistrera 24 chansons (certaines, réorchestrées avec d'autres arrangeurs comme Joss Baselli ou Oswald d'Andréa, paraîtront sur 45 tours). Elles figurent toutes sur cette nouvelle compilation éditée par EPM. Notamment L'Écharpe – un de ses titres les plus repris (de Cora Vaucaire à la chanteuse Robert, en passant par Félix Leclerc et Hervé Vilard) –, La petite Juive, Paris-Cayenne ou Jean-Marie de Pantin, entrées depuis au Panthéon de la chanson rive gauche. Après CBS, Fanon signera chez Barclay.
« 30 ans après sa mort, Maurice Fanon reste l'archétype de l'artiste anticonformiste qui n'aura pas eu la gloire que son talent littéraire et son sens de la mélodie laissaient présager », précise l'éditeur.
Dans son livre Les Funambules de la Ritournelle (Écriture, 2013), Patrice Delbourg rappelle cette anecdote. « Le jour de l'enterrement [de Maurice Fanon], on demande à Juliette Gréco : “Pourquoi selon vous, madame, Maurice Fanon était moins célèbre en son pays qu'au pays du Soleil levant ?“ La chanteuse retourne abruptement la question : “Qu'avez-vous fait, vous, les journalistes, pour qu'il n'en soit pas ainsi ?“ »
• CD EPM.