top of page

Yves Stéphane, « rescapé d'une société sans cœur ni âme »


À la SACEM, Yves Stéphane, l'auteur de la chanson L'amour, l'amour, l'amour, est inscrit sous le nom de Yves Montané. Et on comprend aisément qu'il se soit choisi un autre patronyme...

Le nom d'Yves Stéphane apparaît au tout début des années 60 sur les pochettes de disques. En 1961, Patachou interprète Douce Marijane (musique de Garvarentz) et Michèle Arnaud, L'amour, il n'y en avait guère (musique de Marc Heyral). Le succès arrive l'année suivante avec L'amour c'est comme un jour, un texte mis en musique et enregistré par Charles Aznavour et repris par Jean-Claude Pascal qui gravera aussi Le bal des pendus (musique de Philippe-Gérard). Érik Montry enregistrera plusieurs chansons d'Yves Stéphane, tout comme le groupe yéyé Les Missiles, Dani, Dick Rivers, Frank Alamo ou la chanteuse Tereza. Porté sur les chansons d'amour, Yves Stéphane écrira en 1968 pour Marie Laforêt une de ses plus belles chansons, magnifiée par l'orgue électronique de Francis Lai : Requiem pour trois mariages.

Yves Stéphane est aussi l'interprète d'un unique 45 tours édité par Saravah à la fin des années 60, réalisé par Roland Vincent et préfacé notamment par le scénariste et auteur de romans policiers Jacques Risser : « Mon pote, t'es un grand parolier, plein de tendresse et d'humanité. [...] Tes chansons pleines d'amour me font découvrir ce que j'ignorais. [...] Tu es le rescapé d'une société sans cœur ni âme. »

« Yves Stéphane se faisait parfois passer pour Brassens ! », nous raconte le compositeur Jack Arel. « C'est vrai qu'il y a une certaine ressemblance entre les deux hommes... Ensemble, on a fait des coups terribles ! Lorsque l'on croisait des filles, il y en avait toujours une qui me demandait si c'était bien Brassens... Un jour, nous nous trouvions à la Cascade, au Bois de Boulogne, en train de prendre un pot. Il y avait Dick Rivers, Yves et moi. Tout d'un coup, un homme s'approche de nous et demande un autographe. On pensait qu'il s'adressait à Dick Rivers, mais le type répond : “Non, non, c'est à monsieur Brassens que je m'adresse...“ On s'est regardés tous les trois et j'ai dit à Yves : “Georges, je t'en prie, signe l'autographe à monsieur...“ Yves s'est alors exécuté en signant “Georges Brassens“ !

J'ai connu Yves Stéphane à l'époque de L'amour c'est comme un jour. Je lui ai proposé de travailler avec lui et on a fait plusieurs chansons ensemble. On a fait la Rose d'Or en 1965, avec Pour les jours et les nuits qu'avait chantée Jean-Claude Pascal, et on s'est ramassé une gamelle ! Mais L'amour, l'amour, l'amour est la chanson qui est sortie du lot.

Yves était quelqu'un de très gentil, un peu Nounours, un peu emmerdeur aussi, mais il avait un grand cœur... Il est mort il y a une vingtaine d'années. »

Propos recueillis par Raoul Bellaïche (avril 2017)

Voir aussi :

Article du jour
bottom of page